Le mot du président

« Chers amies, chers amis, bonjour, j’espère que le moral reste bon.

     Je vous salue , oh, vous ! Les cabossés de l’Histoire. Il est vrai que les gens de notre génération ont été gâtés. Nous avons d’abord connu une guerre mondiale, ce qui se fait de mieux dans le genre, et avons tous un parent au moins, que la famille honorait comme il se devait chez nous, tombé sur les champs de bataille de Tunisie, les flancs du Monte Cassino, les plages de Provence ou les forêts vosgiennes. Nos pères revenus de l’enfer, ces héros , humbles et indestructibles, laissèrent alors le fusil pour reprendre la truelle ou la clef à molette, leurs ateliers, leurs commerces ou leurs blouses d’instituteurs pour continuer à bâtir cette magnifique province d’Oranie que leurs pères avaient inventée.

     Adolescents nous avons suivi avec passion les combats d’Indochine où se battaient ces soldats de légende que nous côtoyions parfois, lors de leurs permissions, entre deux séjours là-bas, près de leurs centres de repos de la Fontaine des gazelles, d’Oran ou de Bel Abbès , et je me souviens de notre tristesse lorsque tomba Dien Bien Phu.

    Nous avons ensuite connu, et certains en ont souffert dans leur chair, la sale affaire Algérienne, la barbarie, l’abomination et l’injustice. Puis ce fut l’arrachement à notre patrie, notre terre, nos villes et nos villages, ceux qu’avaient bâtis nos pères et nos grands-pères, ce qui constituait toute notre vie et nos racines, suivi de l’installation parfois difficile dans un pays que la plupart d’entre nous ne connaissions pas et qui, à quelques exceptions près, ne nous accueillit pas à bras ouverts…Et aujourd’hui nous voilà, alors que nous avions bien mérité de finir paisiblement, dans cette situation ubuesque d’un confinement…Il ne nous manque plus qu’une invasion d’extra terrestres pour que ce soit la totale.


       Mais c’est justement grâce à tout ce que vous avez enduré et traversé, vous, les héros inconnus de cette incroyable saga , que vous devez prendre ce qui nous arrive avec calme et sérénité, loin de la fébrilité et de l’espèce de danse de Saint-Guy qui se sont emparées de certains dans ce pays si contrasté, et notamment des médias, semeurs de peurs et d’angoisses alors que leur rôle devrait être d’apaiser les esprits. Si vous ne l’avez pas encore fait, vous avez le temps, aujourd’hui, de raconter votre parcours de légende à vos enfants et à vos petits enfants…

        C’est donc ce que je vous souhaite, pas de stress, mais du calme et de la tranquillité, çà passera. Entre temps mangez, modérément, ce que vous aimez : un petit lapin en frita, un arroz con pollo, un plat de migas, quelques petits rougets ou sardines grillés et, pourquoi pas, une petite langouste, un homard ou quelques écrevisses le Vendredi. Et ouvrez, mais une seule à la fois, vos meilleures bouteilles de vin, pourquoi les garder ? c’est l’occasion ou jamais. Et riez, dès que vous le pouvez, sans trop regarder nos chaînes d’info devenues folles. Cela ira mieux, je vous le promets.


        Et surtout, surtout, sachez que vous n’êtres pas seul, vos amis ardaillonnais sont là. Ainsi les membres du C.A. travaillent actuellement ( par internet) pour vous préparer le nouveau programme, car tout est chamboulé bien sûr, mais l’A.A.A. poursuivra sa route, n’en doutez pas.


          Un conseil à tous : surveillez bien votre boite de réception des messages, une surprise arrivera très bientôt qui devrait vous plaire.


           Allez, courage et bravitude à tous, on en a vu d’autres et ce n’est pas un petit bidule aux yeux bridés qui va nous empêcher de retrouver nos amis Ardaillonnais, nos cousins germains de cœur, dès que ce sera possible et sans grand danger.


          Je vous embrasse toutes et tous, y que se mueran los tontos…y los mala leche »


         Votre Président confiné mais optimiste…..

Antoine-Roch Albaladéjo